L’église Notre-Dame du Pré

L’église Notre-Dame du Pré

  L’église Notre-Dame du Pré, je l’ai souvent fréquentée, lorsque j’allais à la messe d’enterrement d’habitants de ma résidence.

 Ou pour ’Le pré en musique’, né en 1998 de la demande de Christophe Lesourd, alors curé de Notre-Dame du Pré, à l’organiste Élisabeth Wilson pour dynamiser la paroisse et y apporter des occasions de sortir.

    Les concerts au Pré sont devenus une vraie institution.

   Je remercie la personne de ma résidence, qui m’a permis d’exploiter la brochure éditée par la Ville du Mans, Service Tourisme et Patrimoine ; Maison du Pilier-Rouge.

 

Les origines obscures de cette ancienne Église Abbatiale

Photo eglise notre dame du pre

Notre-Dame du Pré est l’ancienne église de l’abbaye Saint-Julien du Pré. Elle est devenue l’église paroissiale du quartier du Pré pendant la Révolution française, après que l’abbaye eut été supprimée. Les bâtiments monastiques occupaient une partie de la place qui est au-devant ainsi que l’emplacement de l’actuelle rue Ducré. Ils ont été rasés dans les années 1865.

La tradition et la légende disent que l’église a été édifiée à l’emplacement d’une modeste chapelle, qui aurait abrité les reliques de saint Julien. Ce qui est certain, c’est que très tôt, l’église est placée sous le vocable de ce saint légendaire. En 835, l’évêque saint Aldric fait déposer les restes présumés de saint Julien dans la cathédrale.

Si rien ne nous renseigne davantage sur l’origine de l’abbaye et de son église, on sait en revanche que le monastère est établi sur le site d’un ancien cimetière antique.

Un édifice roman important et bien conservé

Notre-Dame du Pré est sans doute la mieux conservée des grandes églises romanes du Maine. Elle a été construite en deux campagnes : d’abord, vers 1080-1100, le chœur, le transept, la dernière travée de la nef et les grandes arcades des autres travées ; puis, vers 1130-1140, les parties hautes des doubles travées de la nef et la façade. À l’extérieur, l’église est entièrement parementée en grès roussard. Le calcaire est réservé à l’encadrement des baies. À l’intérieur, l’emploi du calcaire est généralisé pour les supports, les arcades et les voûtes.

L’église du Pré reprend les partis architecturaux mis en œuvre dans les édifices majeurs que sont l’église abbatiale de la Couture et la cathédrale du Mans. Les historiens de l’architecture considèrent que son chœur et son transept, s’inspirent des dispositions de ceux de Notre-Dame de la Couture, et que sa nef est le reflet de celle de la cathédrale au début du XIIe siècle.

Toutefois, l’église a subi des modifications au cours des siècles : les voûtes actuelles sont presque toutes de la fin du XVe siècle. Vers 1660, un somptueux retable en tuffeau est érigé dans le fond du chœur. Il sera détruit en 1861.

Au XIXe siècle, l’église est en mauvais état, et certaines parties de l’édifice menacent ruine. En 1859, l’une des voûtes de la nef s’effondre. D’importantes restaurations sont conduites à partir du milieu du XIXe siècle sous la direction de l’architecte Denis Darcy. Elles sont portées notamment sur la reconstruction de deux absidioles : du pignon du bras sud du transept, de la crypte, de deux voûtes de la nef, et sur la réfection totale de quelques chapiteaux. Mais l’intervention la plus importante concerne la façade occidentale, qui a été dotée entre 1878 et 1885 d’un clocher-porche plaqué contre l’ancienne façade romane. L’ancien portail en plein cintre du XIIe siècle a été remonté en façade de ce nouveau clocher destiné à remplacer l’ancien campanile qui se dressait sur le bras sud du transept, et à signaler l’église dans le paysage manceau.

Dans les années 1860, un important décor peint recouvrant tous les murs de l’église fut exécuté par Pierre Andrieux et Charles Jaffart. Cet intéressant ensemble a complètement disparu en 1943.

 

Une nef qui s’inspire de celle de la cathédrale

La nef le pre

Le plan de l’église est simple : la nef est bordée de collatéraux ; le transept très débordant est doté de deux absidioles orientées ; le chœur et l’abside sont contournés par des bas-côtés et un déambulatoire avec ses trois chapelles rayonnantes. Sous le chœur prend place une crypte totalement reconstruite au XIXe siècle. À l’origine, l’église comportait trois entrées : la principale était à l’ouest et, comme à la cathédrale, présentait trois portes (une principale encadrée par deux plus petites) ; deux autres portes s’ouvraient aux extrémités nord et sud de transept. Celle du sud donnait accès aux bâtiments monastiques.

En élévation, la nef est à trois niveaux : grandes arcades en plein cintre, triforium constitué d’arcades en plein cintre retombant sur des colonnettes à chapiteaux sculptés, et fenêtres hautes. Comme à la cathédrale, les supports de la nef alternent des piles fortes (composées de pilastres et de colonnes engagées) et des piles faibles (constituées d’une seule grosse colonne). Dans les bas-côtés, on retrouve un décor d’arcatures identiques à celui des bas-côtés de la cathédrale.

À l’origine, l’église n’était pas voûtée de pierre, mais couverte d’une charpente apparente dont les fermes principales étaient portées par des pilastres, ains qu’on le voit dans la dernière travée de la nef. Les bas-côtés étaient peut-être aussi couverts de charpentes apparentes à l’époque romane. Les voûtes actuelles de la nef et du chœur datent de la fin du XVe siècle : elles sont à croisées d’ogives et retombent le long des murs sur les culots.

Un chœur à rapprocher de celui de l’église de la Couture

Le chœur comprend une double travée avec alternance de supports. La partie arrondie de l’abside est délimitée par de grosses colonnes cylindriques qui portent des arcades fortement surhaussée (comme à l’église de la Couture) dont le tracé est légèrement brisé au sommet. Les baies hautes du chœur ont été agrandies son retrouve un décor d’arcatures identiques à celui des bas-côtés de la cathédrale dont les fermes principales étaient portées par des pilastres, ainsi qu’on le voit dans la dernière travée de la nef. Les bas-côtés étaient peut-être aussi couverts de charpentes apparentes à l’époque romane. Les voûtes actuelles de la nef et du chœur datent de la fin du XVe siècle : elles sont à croisée d’ogives et retombent le long des murs sur les culots.

 

Un remarquable ensemble de chapiteaux

Le pre photo 2 le chapiteaudetail

 

Dans le chœ​​​​​​​ur, la sculpture est l’œuvre d’un atelier unique. Les motifs sculptés se détachent en m​​​​​​​éplat sur la surface ; les ornements sont de gros calibre, les motifs sont d’une facture grasse et arrondie. De fortes volutes d’angle sont isolées du reste de la composition.

 

 

Le pre photo 4 le chapiteau detailsCe sont des traits que l’on retrouve sur les chapiteaux du chœur de l’église de la Couture. Les chapiteaux de cette première campagne, montrent un certain nombre de thèmes : rinceaux se terminant en larges palmettes disposées de façon symétrique ou dissymétrique, masques humains ou figures animales au centre de la composition, avec des rinceaux partant de leur menton. La tendance fantastique domine dans cette série de chapiteaux, par l’emploi de petits masques mi-humains, mi-animaux, mais aussi par la combinaison des thèmes. Se distinguent deux belles corbeilles : l’une montrant deux lions de part et d’autre d’un arbre stylisé, la tête complétement retournée vers le haut de la composition. L’autre offrant deux cavaliers de part et d’autre d’un arbre stylisé.

Photo 4 chapiteau avec des monstres des masques

Dans la nef, la facture est généralement plus sèche et plus nerveuse. La cohérence de la sculpture y est moins marquée que dans le chœur. Certains chapiteaux montrent des monstres affrontés, dont les têtes rejetées en arrière forment les angles de la corbeille ; on y voit encore des masques crachant des rinceaux. Plusieurs chapiteaux présentent des jeux de rinceaux entrelacés, se terminant par de larges palmettes.

Les arcades du collatéral sud, sont encore d’un autre style : les chapiteaux à hauts tailloirs offrent des bêtes affrontées à deux corps et une tête ; des hommes barbus formant cariatides aux angles ; des entrelacs incisés de bandes parallèles. Le sculpteur de cette campagne aime les sujets violents : il pose les pattes griffues de ses monstres sur le haut de la corbeille ; il rapproche l’un de l’autre les masques de lion au lieu d’en faire un motif d’angle. Il invente des motifs nouveaux : pommes de pin, nœuds cordés…

Au niveau du triforium, on constate encore un changement de style qui reflète l’évolution du chantier : les chapiteaux sont un peu plus tardifs que dans les parties basses de la nef. De grands feuillages simples, se terminent en grosses boules.

Le portail de la façade occidentale, est orné de fleurettes à quatre pétales et de tores minces ; ce décor est à rapprocher de celui de la tour sud de la cathédrale (vers 1135-1140).

 

Deux Saints Honorés dans l’église

La crypte qui abritait le tombeau de Saint-Julien, a été comblée en 1792. La crypte actuelle, entièrement reconstruite au XIXe siècle, conserve cependant au sol le tracé du plan de la crypte d’origine, dégagée et fouillée en 1843-1844. On y admire une très belle statue de saint Julien en évêque, en pierre calcaire de Bernay, datable du début du XVe siècle.

Photo statue de saint julien​​​

Elle a été découverte à l’occasion des fouilles, et elle rappelle la présence autrefois dans l’édifice des reliques du saint, qui y faisaient l’objet d’un pèlerinage. Les reliques étaient disposées dans une châsse qui, au XVIIe siècle, était installée au niveau du retable du maître-autel. Cette châsse en bois polychrome a été offerte en 1645 par l’abbesse Charlotte de Guespré : elle n’est plus conservée dans l’église du Pré, mais on peut toujours l’admirer dans la cathédrale, où elle a été transférée après la Revolution.

 

 

Photo 6 saint marcoul

Au XIXe siècle, fut introduit dans l’église du Pré, un culte à saint Marcoul, moine normand réputé guérir les écrouelles, les furoncles et les abcès. Ses reliques étaient conservées, avant la Révolution, dans l’abbaye de Beaulieu, située à proximité de l’abbaye Saint-Julien-du-Pré, et dont les bâtiments ont presque complètement disparu aujourd’hui. Des reliques en furent rapportées de Touraine, et le culte en fut rétabli au Pré. Le pèlerinage avait lieu au mois de mai.

 

 

Quelques éléments du mobilier

L’église conserve un mobilier varié dont les éléments sont les suivants :

Le bas relief la transmission des reliques

 

-         Dans le bas-côté sud de la nef, un bas-relief en pierre polychrome du XVIe siècle représente une procession ou une translation de reliques. Peut-être s’agit-il de la translation des reliques de saint Julien vers la cathédrale en 835 ?

 

 

-         Dans le bras nord du transept, un vitrail du XVe siècle, le seul ancien de l’église, montre dans la partie supérieur, le Christ en croix entre la Vierge et Saint-Jean ; dans la partie inférieure, on voit saint Julien faisant jaillir une fontaine sous sa crosse, dont l’eau est recueillie par une jeune femme.

Agenouillée près de lui, est représentée l’abbesse Isabeau de Hauteville. Ce vitrail a été restauré en 2008.

 Vierge a l enfant-         Toujours dans le bras nord du transept, un grand tableau daté de 1924 est l’œuvre d’un peintre local, François Fleuriot. Il représente la Vierge et l’Enfant donnant le rosaire à saint-Dominique et à sainte Catherine de Sienne. Autour des principaux antagonistes sont figurées les religieuses de l’abbaye rassemblée autour de leur abbesse, Marguerite de Miée de Guesprée tenant la crosse abbatiale. Au bas du tableau figurent ses armes.

 

-         Le tableau Madeleine pénitente, toile du XVIIe ou du XVIIIe siècle d’après Charles Le Brun, a été restauré en 1990.

-         Plusieurs statues en terre cuite du XVIIe siècle proviennent des anciens retables de l’église. C’est le cas du saint Thuribe du bras nord du transept, et du saint Étienne de la chapelle du bras sud du transept. Une Pietà de même matériau et de même époque se trouve dans la chapelle d’axe.

-         Dans le déambulatoire, deux toiles anciennes sont présentées : une Adoration des Mages du XVIIe siècle, et une descente de Croix du XVIIIe siècle, d’après Charles Le Brun.

-         Dans la chapelle Saint-Marcoul, une Trinité, ou Trône de grâce,

-          est installée sur l’autel. C’est une œuvre du XVe siècle, excessivement restaurée.

-         Dans la crypte, la belle statue de saint Julien, déjà signalée.

-         En quittant l’église, on peut voir de par et d’autre de l’entrée, deux toiles marouflées du peintre sarthois Lionel Royer.  Peintes en 1926, elles forment le monument aux morts de la paroisse.

-         Les vitraux et le Chemin de Croix de Max IngrandVitrail de max ingrand

-         En 1944, les vitraux du XIXe siècle sont détruits lors du dynamitage du pont Yssoir. La commande est passée en 1948 au célèbre maître verrier Max Ingrand pour remplacer l’ensemble de la vitrerie de l’église, sauf le vitrail du XVe siècle épargné par le bombardement.        

-          Max Ingrand avait été pendant la guerre, compagnon de captivité de Michel de Maupeou, futur vicaire du Pré. Au total, l’artiste compose 42 verrières qui constituent l’un des ensembles les plus caractéristiques de l’art sacré d’après-guerre. Max Ingrand illustre les grandes thématiques de l’histoire du diocèse et de l’église du Pré.

 

-         Dans le déambulatoire et ses chapelles : histoire de saint Julien, saint Marcoul, sainte Thérèse et vitrail en mémoire de l’abbé Bodereau.

-         Dans les fenêtres hautes du chœur : les saints évêques du Mans, successeurs de saint Julien.

-         Dans les bras du transept : la Vierge à l’Enfant au nord ; le Christ-Roi et les symboles des évangélistes, ainsi que saint Gilles et saint Germain au sud.

-         Dans les bas-côtés de la nef : les douze grandes paraboles.

-         Sur la façade ouest : la Vierge, le Baptême du Christ et une abbesse

-         Dans les fenêtres hautes de la nef : verrières décoratives.

-         Max Ingrand est aussi l’auteur du chemin de croix : les émouvantes scènes des quatorze stations, sont gravées sur dalle, selon une technique à la mode dans les années 1950.

Le jardin

Le jardin qui entoure l’église du Pré, conçu pour évoquer l’environnement végétal de l’ancienne abbatiale, comporte quatre parties.

Au nord, sous les arbres, le pré ou protum antique, est couvert de pennisetums. Ces graminées, dites aussi « herbes aux écouvillons », ondoient sous le vent, offrant de beaux reflets grus argenté.

Au sud, le soleil et la couleur emplissent le jardin de fleurs et d’herbes : pivoines arbustives jaunes, digitales, angéliques, artémises, sauges, fenouils, myrrhes, fritillaires.

À l’est, côté chevet, un grand tapis d’alchémilles « manteau de Notre-Dame », ponctué d’hellébores variées, recueille la rosée du matin. Sur le parvis, le jardin s’ouvre à la vue et les parfums s’exhalent.

 Voici de très bonnes réflexions et analyses sur : Le Paradis

Date de dernière mise à jour : 08/03/2025