Louis Simon, notre Illustre ancêtre

       Louis Simon,

             Notre Illustre ancêtre

Ils sont des millions de Français qui, depuis que la France est la France, ont vécu, aimé, souffert et péri. Quelques-uns, seulement, ont laissé une trace écrite de leur passage sur terre. Tous les autres ont irrémédiablement sombré dans le néant de l’oubli.

Si les Saint-Simon, les La Rochefoucauld, Voltaire et autres Lauzun ont pu, par leurs écrits, nous livrer leur propre vision de leur temps, si les Julien Bodereau, curé Besnard, chanoine de la Manoulllière et autre Leprince d’Ardenay nous ont aux travers de leurs mémoires, permis de découvrir le passé de notre région, tous appartenaient à une élite intellectuelle, qu’elle soit aristocratique ou bourgeoise. Grâce à ces mémorialistes, la vie à la cour et à la ville, sous l’Ancien Régime, nous est devenue relativement familière. À l’inverse, le petit peuple des campagnes est longtemps resté une terre inconnue. Entre une Madame de Sévigné, pour qui faner, c’est-à-dire « retourner le foin en batifolant dans une prairie, [était] la plus jolie chose du monde » et un La Bruyère qui voyait les paysans « comme des animaux farouches, des mâles et des femelles, répandus par la campagne, noirs, laids et tout brûlés du soleil », il fut longtemps difficile d’appréhender la réalité telle qu’elle était vécue par nos ancêtres. Bien sûr, des travaux d’historiens tels que Pierre Goubert ou Emmanuel Leroy-Ladurie, apportèrent de précieuses informations sur la vie quotidienne dans le monde rural, mais il y manquait le regard, et surtout l’écrit d’un témoin directement impliqué.

Premiere page du manuscrit de louis simon

Puis vinrent Louis Simon…et Anne Fillon.

L’aventure débuta en 1958 dans l’étude de maître Michel Fillon, sur une conversation entre Ernest Guimoneau, charron de son état, et le notaire nouvellement installé.

Apprenant que le second venait de Vendée, le premier lui annonça, malicieusement que sa fille possédait un vieux document sur lequel étaient mentionnées toutes les atrocités commises par les Chouans dans notre région. Ce livre de souvenirs, ajouta-t-il, sans doute avec une pointe de fierté, avait été rédigé par le trisaïeul de sa femme entre 1809 et 1820. Anne Fillon, informée le soir même par son époux, voulu en savoir davantage. Elle demanda à voir le fameux ouvrage, le lut, fut convaincue de son intérêt puis se consacra bientôt à la recherche historique. Plus de vingt ans plus tard, elle soutenait une thèse d’histoire intitulée : Louis Simon, étaminier, 1741-1820, dans son village du Haut-Maine au siècle des Lumières. Elle y révélait l’existence de ce manuscrit écrit par un villageois…un homme du peuple tout simplement. Au fil des quelque 97 pages, le mémorialiste racontait les grandes périodes de son existence et de celles de sa communauté, depuis les péripéties de son idylle avec Nanon Chapeau, sa future épouse, jusqu’aux évènements tragiques de la période révolutionnaire. Finement analysé par l’historienne, complété par une analyse méticuleuse effectuée dans les registres paroissiaux et minutes notariales, chacun de ces mots faisait revivre la société rurale du Maine, durant la seconde moitié du XVIIIe siècle. Laquelle société semble, du même coup, sous nos yeux, respirer au rythme de ses phrases.

 Le cadeau qui nous est ici légué, convenons-en, n’est pas banal. Tout comme la réaction d’Anne Fillon qui, apprenant en 1990 qu’à la Fontaine-Saint-Martin la maison que Louis Simon avait occupée entre 1757 et 1774 venait d’être mise en vente et quelle risquait de disparaître, menacée par les règles impitoyables de l’urbanisme, déclara spontanément :La maison de louis simon « J’achète ! ». Puis, dans la foulée, elle décida de créer une association, Les Amis de Louis Simon, dans le but de sauver la demeure chargée de tant de souvenirs. Notre homme n’y avait-il pas, en 1767, passé sa nuit de noces et quatre de ses enfants n’y avaient-ils pas vu le jour ? L’acquisition fut réalisée dès 1991.

Depuis, tout aussi précieuse aux yeux des Sarthois que l’est Versailles aux yeux de la nation, la Maison de Louis Simon continue de représenter le symbole d’une fierté villageoise, celle des humbles qui ont fait la France et ont su le dire, à leur manière, à l’égal des plus grands.

 

(Extraits d’un article dans le livre La Sarthe Insolite et secrète. Édition Sutton)

Date de dernière mise à jour : 19/03/2025

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