La reine Bérengère et ses mystères refont surface

La reine Bérengère et ses mystères refont surface

Nez à refaire, déplacement du gisant, mystère autour des ses corps…À l’occasion de deux journées d’études, la reine Bérengère a été au centre de toutes les attentions à l’abbaye de l’Épau.

Histoire

Bérengère de Navarre, une des principales figures historiques de la ville du Mans, a de nouveau été mise sous le feu des projecteurs, à l’abbaye de l’Épau, à Yvré-l’Évêque, jeudi et vendredi, deux journées d’études étaient organisées au sein de la propriété du Département, avec pour thème « Espaces et rites funéraires : autour du tombeau de la reine Bérengère »

Le gisant a connu de nombreux déplacements

Née vers 1160, cette dernière est reine d’Angleterre de 1191 à 1199, par son mariage avec Richard Cœur de Lion. Veuve depuis cinq ans, elle s’installe au Mans en 1204, après un échange de possessions avec le roi de France Philippe Auguste. Elle y vit jusqu’à sa mort en 1230 et y fait bâtir l’abbaye de l’Épau e 1229, choisissant d’y être inhumée. Un gisant est construit dans la seconde moitié du XIIIe siècle pour accueillir sa sépulture.

Le gisant a connu des nombreux déplacements.Pauline ducom conservatrice des monuments historiques et le gisant de berengere

« En 1821, il est transféré à la cathédrale du Mans, a expliqué ce vendredi Pauline Ducom, conservatrice des monuments historiques à la Direction régionales des affaires culturelles (Drac) et co-organisatrice de ces journées d’études avec Bénédicte Fillon-Braguet. En 1959, le Département demande son retour à l’abbaye, ce qui est accordé en 1973 par l’État. »

Le nez de la reine à refaire

Au sein même de l’abbaye, le tombeau connaîtra différents emplacements :  « Il est d’abord placé dans la chapelle du transept sud, puis dans la salle capitulaire en 1988, avant qu’en 2018, le Conseil départemental demande son arrivée dans l’église abbatiale, son premier emplacement connu au XIIIe siècle. »

Un déménagement qui s’est avéré être une opération complexe. « Il a fallu l’étudier pour savoir s’il était en assez  bon état pour être déplacé. On a vu qu’il était sale, très encrassé. Alors, comme on allait le démonter pour le déplacer, on en a profité pour le restaurer. »

La restauration s’effectue en décembre 2020. Le nez de Bérengère est notamment ciblé.  « Son nez était très altéré et cela lui donnait un visage disgracieux. On s’est donc inspiré de moulages de Bérengère effectués au XIXe siècle, pour effectuer un nouveau nez, réalisé par-dessus l’ancien, raconte la conservatrice de la Drac. C’était un petit chantier en termes de montants et de calendrier, mais il fut passionnant. Chaque savoir faire a apporté un regard qui nous a permis de raffiner nos connaissances. »

Le mystère du corps de Bérengère

Photo du gisant gilles kervellaAujourd’hui, le gisant a retrouvé tout son éclat. Mais qu’en est-il de la sépulture de Bérengère de Navarre ?

Son emplacement initial reste indéterminé. En 1816-1817, un antiquaire anglais, C.A. Stothard, rassemble des tissus et ossements attribués à Bérengère, qui sont ensuite portés disparus…jusqu’en 2020 !

Lors de l’opération de restauration, les archéologues découvrent, sous le gisant, un coffre en plomb contenant des os humains et un squelette entier de sexe féminin.

Depuis, ces restes osseux, tout comme un autre squelette découvert en 1960, dans la salle du chapitre de l’abbaye, sont à l’étude dans un laboratoire de l’université de Caen.

Les chercheurs, à l’aide notamment d’une étude des dents des squelettes, essayent de déterminer si parmi ces ossements se trouvent ceux de la reine d’Angleterre. Presque huit cents ans après sa mort, l’histoire de Bérengère de Navarre, renferme donc encore quelques mystères…

 

Extraits d’un article paru dans Ouest-France du 8-9 mars 2025

Date de dernière mise à jour : 03/04/2025