Beaufay
L’église Saint-Martin de Beaufay, datée du XVIIe au XIXe, a été fondée dès le haut Moyen âge et est implantée sur un site gallo-romain. Son clocher-porche est achevé en 1714, il est couronné d’un dôme surmonté d’une flèche. En 1840, l’église est complètement reconstruite à l’exception du clocher. C’est là que se trouvait un cadran solaire.
Des observations que j’avais obtenues in situ dans les années 1990, on pouvait déjà constater un aspect assez effacé, mais la surface de la "table" laissait encore apparaître dans les 4 coins, 4 points marqués de noir très peu prononcé. Plus de lignes horaires ni de "style" ne se détachent sur les cartes postales scannées par Annie et Patrick Pissot.
En aparté
Mes attaches familiales avec Beaufay se perpétuent depuis le jour où j’ai connu ma femme, née en ce lieu il y a quelques années. J’ai pu ainsi fréquenter de manière continue, jusqu’à leur mort, Raymond et Alice Charpentier et plus tard leurs enfants, Annie et Gisèle.
En venant du Mans par le "Pavé de Torcé’’, mes fréquents passages dans le bourg m’ont permis de constater une sympathique transformation d’un village ancien, le bourg, avec une heureuse implantation de maisons coquettes, établissant de nouveaux quartiers autour du centre. Apercevant l’église, dont l’histoire est assez bien connue, nous ne voyions pas ce qui pourrait ressembler à l’image de la carte postale scannée par Annie et Patrick.
L’église de Beaufay : son clocher-porche est achevé en 1714 ; il est couronné d’un dôme surmonté d’une flèche. En 1840 l’église est complètement reconstruite à l’exception du clocher.
Dans les années 1990, nous l'avons dit plus haut, la surface de la table laissait encore apparaître dans les 4 coins, 4 points marqués de noir très peu prononcé.
cliché Pascal Corbion
L’utilisation du village, dans la triangulation de Cassini
Il est toujours agréable de pouvoir lier quelquefois le patrimoine local avec des éléments empruntés à notre « Histoire de France », ils sont les "condiments" qui peuvent mettre en valeur certaines narrations. C’est un peu cette démarche que j’aurais voulu parcourir en commençant cette recherche sur les Cassini en Sarthe.
À l’examen de la « Carte de Cassini » N°63, le quadrillage laisse apparaître les principaux angles servant de fondement à la description géométrique de la France. À partir des lignes verticales parallèles au Méridien de l’Observatoire Royal de Paris et des perpendiculaires à ce dernier à une distance de 60 milles toises, sont indiqués les points utilisés pour les triangulations. Le Plaisir, Le Mans, Bellesme, la Bosse, Nogent-le-Rotrou, Montmirail, La Ferté-Bernard, sont les points qui nous concernent.
J’ai cherché « Plaisir » comme lieu de référence pour la triangulation, en réalité il s’agit de Montplaisir sur la commune de Beaufay dont le repère géodésique se situe à 144 mètres d’altitude. J’ajoute que l’anecdote rapportée par Maître Soriau et extraite de la chronique locale est intéressante bien que postérieure à l’époque dont nous parlons.
Elle « rapporte qu’entre 1816 et 1818, fut édifiée au sommet du coteau une construction en bois assez étrange, reposant sur trois pilotis hauts de douze à quatorze pieds (environ 3 m80 à 4m50) comportant un plancher de forme triangulaire de sept à huit pieds de côté (2m20 à 2m60), avec des volets amovibles.
Un personnage inconnu des gens du secteur y montait de temps à autre. En dehors de toute information crédible, on supposa tout d’abord qu‘il s’agissait d’un ouvrage pour le télégraphe. Mais des personnes qui s‘aventurèrent à y monter aperçurent sur une petite table des règles, pinceaux, crayons, papiers et autre matériel utilisé pour dresser des plans, ce qui incita à conclure que l’inconnu pour lequel cet ouvrage avait été construit était un ingénieur géographe…»
Tout ceci nous permet de rapprocher cette narration (anodine) de celles que faisaient les ingénieurs de Cassini qui expliquaient les difficultés éprouvées. L’ambiance de certaines anecdotes décrit bien le résultat de la méfiance dans les villages. Un géographe qui faisait ses observations à partir du haut d’un clocher « fut tiré en bas de son échelle et pratiquement taillé en pièces par la foule des habitants qui prétendaient que sa sorcellerie semait la mort parmi les villageois ».
Les objets remarquables utilisés pour ces mesures étaient « tels que les Clochers, Tours, Moulins à vent, Châteaux, Montagnes, Arbres isolés, & lorsque les objets manquent, en créer de nouveaux, tels que des Pilliers ,des Piramides & Arbres placés dans les lieux les plus éminents. »
Il serait permis d’émettre des réserves sur les résultats obtenus quand on suit les commentaires : « Les fignaux auxquels le défaut d’objets nous obligeait d’avoir recours, étoient fujets aux mêmes inconvéniens ; les payfans effrayés de ces fignes, ne fe contentoient de les abattre, lors même que nous étions sur les lieux, & ils attendoient notre départ pour les faire disparaître & couvrir l’endroit de terre, de maniere que les Ingénieurs n’ont pû les reconnoître par la ».
Ces propositions sur la position du point étudié pour la cartographie selon Cassini III, devaient être confirmées in situ.
Puisque nous étions à Beaufay pour la recherche d’un cadran solaire, je demandais à Annie et Patrick d’entreprendre "l'ascension" de la butte de Montplaisir ! Ces deux cousins sportifs et amateurs de patrimoines se firent un plaisir de gravir la pente malgré les obstacles du sol ou des fils barbelés avant d’arriver au point géodésique !
J’ajoute que durant "cette promenade’’, ils photographièrent un cadran solaire contemporain.
Cadran contemporain réalisé par Michel Ansel
On pourrait aussi, ajouter,
le cadran solaire de la Hupperie
Date de dernière mise à jour : 19/01/2023